Le REF réflexe d’éjection fort

Le REF réflexe d'éjection fort, quel est son origine, est-il impactant pour le bébé, quelles solutions pour le maîtriser ?

Table des matières

Comment savoir s’il s’agit d’un REF ?

Il est défini par des jets de lait très puissants, qui vont loin et qui restent en jets forts longtemps avant de s’arrêter. Il est utile de rappeler qu’il est normal d’avoir des jets de lait sortant du mamelon (entre 1 et 18) et dont la pression descend graduellement.

Avec un REF, les bébés peuvent avoir des courbes de poids qui montent de façon exponentielle.

Comment savoir si le bébé a du mal à gérer le REF ?

Certains bébés gèrent parfaitement le REF. Ils vont se retirer du sein plus fréquemment pour laisser les jets trop forts se calmer en dehors de la succion. Ces bébés ne seront pas inconfortables du côté intestinal. Ils auront rarement des courbes de poids qui grimpent rapidement.

D’autres bébé se laisseront “envahir” par ces jets puissants de lait et vont déglutir très fort, du lait peut couler de la commissure des lèvres, ils peuvent se retirer du sein en s’étouffant et toussant
, ils peuvent régurgiter le trop plein après chaque tétée. Il peut y avoir un seul ou plusieurs de ces signes.

Quels risques d’un REF pour le bébé?

  • le débit de lait conséquent ne permet pas de drainer le sein en totalité. Le bébé boit beaucoup de lait avec du lactose qui provoque un passage gastrique rapide. Des concentrations de lactose dans l’intestin grêle élevés peuvent rendre l’enzymeil’enzyme lactase dépassée dans son action. La lactase est l’enzyme naturellement présente chez l’enfant pour “digérer” le lactose. Donc si la lactase ne peut pas agir sur la totalité du lactose, le bébé peut présenter des inconforts digestifs.
  • Au Canada il est autorisé de donner de la lactase sous forme de gouttes à ces bébés, à un dosage précis, afin de les aider dans leur digestion.
  • La lactase se trouve dans l’intestin grêle, ainsi certains critères peuvent faire que le bébé a des inconforts digestifs et parfois des selles vertes sans indiquer forcément un REF.

-Comme la prématurité entre 28 et 37SA le lactose peut avoir des difficultés à être digéré dû à l’immaturité de l’intestin.

-Comme des maladies impliquant la muqueuse intestinale:

-gastro-entérite

-Maladie coeliaque

-Maladie de Crohn

-Rectocolite hémorragique

-Chimiothérapie

-Antibiotiques

-peut-être certains vaccins (hypothèse issue de mon observation clinique).

-Comme un déficit congénital en lactase, c’est-à-dire qu’il y a très peu ou pas du tout de lactase, ainsi le bébé ne peut pas digérer le lactose. À différencier de la galactosémie.

Avec un transit perturbé le bébé peut avoir des difficultés avec certains aliments ou groupes d’aliment difficilement digestibles dont les molécules passent dans le lait. La réaction à certains de ces aliments peut être ponctuel, il sera nécessaire d’établir un suivi en ce sens afin que la mère évite les auto-diagnostic concernant d’ éventuelles allergies.

Quel est l’origine du REF ?

Chacun y va de sa supposition mais au final il n’y en a aucune qui fait foi d’un point de vue scientifique.

Mais plusieurs suppositions sont possible :

  • La physiologie du sein lactant et du métabolisme de la mère. Le REF peut venir simplement de la conception de la femme, par sa glande mammaire et son métabolisme unique. Il est donc plausible que certains réflexes d’éjection soient plus forts que d’autres.

1) En fonction de la capacité de stockage de chaque mère, chaque sein. Si les acini sont remplis de lait, le lait résiduel est en attente dans les canaux galactophores et peut sortir de façon plus forte lors de la délivrance de l’ocytocine.

2) Cette supposition autour de la capacité de stockage peut être elle-même reliée avec les taux d’ocytocine. Nous n’avons pas tous le même taux basaux, ni les mêmes taux liés aux tétées.

3) Ces taux d’ocytocine peuvent être eux-mêmes en lien avec le nombre de réflexes d’éjection variables selon les femmes en nombre (0 à 17, moyenne à 2.5 voir 4), en durée (45 sec à 3.5min) et en temps de latence, c’est-à-dire le moment où l’ocytocine est délivré et la sortie du lait (60 à 90 sec). Et impliquant donc une pression intra-canalaire différente en fonction de chaque association taux d’ocytocine-réflexes d’éjection-temps de durée et latence de ces réflexes.

4) cette association peut être elle-même en lien avec le diamètre des canaux, qui peuvent varier de 1 à 10mm. Et du diamètre de dilatation de ces canaux lorsque le lait s’éjecte. Peut-être même en lien aussi avec les sphincters qui permet de laisser sortir le lait par les trous du mamelon, les pores galactophores.
Et peut-être en lien de la pression intracanalaire qui va être différente en fonction de l’ensemble ces variables. D’ailleurs, cette pression est difficilement mesurable du fait de la méthode invasive et stressante de mesure, qui peut aussi impliquer un risque de contamination des canaux.

  • D’après des hypothèses autour de la succion du bébé, le REF peut venir d’une succion compensatrice. Elle-même liée à des difficultés anatomiques (freins restrictifs buccaux, hypothonie de la langue, tensions buccales, tensions musculo-squelettique, torticolis congénital, difficultés avec les nerfs faciaux régissant la succion…)

Afin d’obtenir plus de lait, le bébé pince le sein ce qui peut modifier la pression et le débit de lait.

Mais il est aussi possible que le bébé pince le sein pour gérer un REF initial et tenter de contrôler un débit de lait trop conséquent.

Il est difficile de savoir quelle est la bonne hypothèse dans le cas d’une mère qui présente un REF.

  • Le REF peut venir d’une hyperlactation. L’abondance de lait s’accumule dans les canaux galactophores et le débit est conséquent lorsque la succion permet sa délivrance.
    L’hyperlactation est par définition une production de lait maternel supérieure aux besoins du bébé de plus de 200 ml par jour.

L’hyperlactation peut être naturelle ou induite.
Il est possible d’induire une hyperlactation durant la période de calibrage de la lactation, c’est à dire les premières semaines. Souvent à cause de tirages de lait effectués en plus des tétées, ce qui augmente la production de lait mais également la multiplication des récepteurs à la prolactine. De ce fait, tirer sont lait les premières semaines ne peut être fait qu’en remplacement d’une ou plusieurs tétées. Ou dans le cas d’une difficulté avérée de production de lait quel qu’en soit l’origine, mais cette démarche sera sous le contrôle d’une professionnelle de l’allaitement.

  • Dans de rares cas, le REF peut venir d’une maladie génétique touchant le tissu conjonctif comme le syndrome de Ehlers-Danlos.

Il pourra y avoir un risque de REF et d’engorgements du à un dysfonctionnement des fibres de collagène des muscles entourant les acini. Mais à contrario, cette maladie peut aussi entraîner des difficultés à avoir un réflexe d’éjection.

Il est tout à fait possible de cumuler plusieurs raisons potentielles, comme une raison physiologiue et anatomique par exemple.

Difficultés à l’allaitement avec un REF

  • Le bébé peut modifier sa succion en pinçant la prise au sein. De ce fait il y a moins de tissu mammaire en bouche, ce qui peut créer des douleurs et parfois des lésions.
  • Le bébé peut avoir un développement de la succion moins efficace. Lorsque la mère est encore sous l’imprégnation hormonale de la lactation, le bébé obtient le lait nécessaire en utilisant peu de mouvements de succions et probablement moins d’alternance entre les succions nutritives et non nutritives. Lorsque la mère a une stabilisation hormonale (taux basaux et ceux liés à la succion) et un REF qui est moins conséquent (dans le cas de l’hypothèse physiologique du sein lactant) , le bébé peut s’agiter au sein car il n’arrive pas à obtenir la quantité de lait qu’il désire avec la technique de succion qu’il a acquise.

De plus, aux alentours de 3 mois, la succion du bébé évolue. Ce qui coïncide aussi au moment où les hormones reviennent à des taux basaux comme avant la grossesse, et que les pics liés aux tétées se stabilisent pour réduire graduellement . Le bébé passe d’une succion automatique à une succion volontaire où il mobilise davantage de muscles linguaux ainsi que ses lèvres et ses joues. Si sa succion ne s’est pas développée comme un bébé qui devait faire plus d’effort pour obtenir du lait, et que le REF se calme avec la stabilisation hormonale, le bébé peut avoir plus de difficultés à obtenir le lait qu’il désire obtenir en grande salves de succion /déglutition/respiration.
Il peut s’agiter plus fréquemment au sein.

Pour autant, cet état est transitoire le temps que le bébé continue d’explorer sa technique de succion.

Quelles solutions pour maîtriser un REF ?

  • Dans le cas de la physiologie du sein lactant associée au temps de l’imprégnation hormonale, le REF va se réduire graduellement. Il suffira d’exprimer un peu de lait à la main avant la tétée ( à peine quelques jets) ou à l’aide d’un récolteur de lait comme le haaka, afin de réduire la pression du 1er réflexe d’éjection. Il est possible de réitérer l’opération durant la tétée, lorsque le bébé se retire du sein avec des signes d’inconforts dus au REF.

Les deux premiers réflexes d’éjection sont ceux qui délivrent le plus de lait (au tire-lait 76 à 86% du lait maternel), d’ailleurs il a été démontré que le bébé au sein retirait 50% du lait durant les 2 premières minutes et 80% en 4 min.
Vous pourrez lire parfois qu’il sera possible d’utiliser un tire-lait pour extraire un peu de lait, pour ma part je ne le conseille pas. Il est facile de sur-stimuler une lactation en extrayant trop de lait que le juste nécessaire pour réduire la pression du au REF.

  • dans le cas d’une hyperlactation il est possible de pratiquer l’allaitement en bloc seulement sous contrôle d’une professionnelle de l’allaitement. Le but de l’allaitement en bloc est de faire baisser la lactation pour ralentir le flux de lait mais également prévenir des engorgements et mastite à répétition. Il s’agit de donner plusieurs fois le même sein selon un laps de temps défini.
  • Dans le cas d’une difficulté de succion, il peut être possible d’appliquer les conseils donnés au point 1) tout en prenant en charge la problématique liée à la succion avec divers professionnels travaillant en pluridisciplinaire (professionnelles de l’allaitement, therapeutes manuels, orthophonistes, ergotherapeutes, pédiatre…)
  • Dans le cas d’une maladie génétique comme le syndrome de Ehlers-Danlos aucun traitement médicamenteux n’existe à ce jour, il n’y a que des options thérapeutique. Il faudra donc que les mères souffrant de ce syndrome se fassent accompagner avec un suivi régulier.

Adapter les positions avec un REF

Le REF semble s’atténuer en fonction de la position de la mère lors de l’allaitement.

Une position inclinée et allongée semble réduire le flux de lait.

Le REF est-il toujours des deux côtés ?

En fonction de l’origine du REF il est possible de le retrouver sur un seul sein. Dans ce cas il pourra être dû à une difficulté de succion liée à des tensions et/ou à une capacité de stockage plus grande sur un sein que sur l’autre

Le REF est-il tout le long de la tétée ?

Les 2 premiers réflexes d’éjection sont ceux qui délivrent le plus de lait, donc il est possible d’avoir le REF seulement au début de la tétée. Il est possible aussi de l’avoir tout le long de la tétée selon le nombre de réflexe d’éjection et le temps de ces réflexes, sur une seule et même tétée.

Être vigilant avec certains aliments avec un REF

Il sera essentiel de limiter la prise d’aliments à effet galactogènes. Les produits laitiers consommés en quantité peuvent parfois amplifier aussi un REF.

Marina Boudey conseillère en allaitement, conseillère en lactation en présentiel en Ardèche ou en visioconférence quel que soit votre lieu de vie.

Pour prendre RDV c’est ICI

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK532285/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2075483/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8465002/

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https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780323680134000225

https://internationalbreastfeedingjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/1746-4358-4-10

https://internationalbreastfeedingjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13006-019-0237-6

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4216483/#!po=12.5000

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Marina Boudey
Lact'essence

Je suis Marina Boudey, j’ai créé Lact’essence en 2021. Je suis maman d’un petit Milo né en 2019, encore allaité aujourd’hui.

Notre parcours d’allaitement n’a pas été simple : né par césarienne programmée, des difficultés sont apparues dès le début.

Des freins restrictifs identifiés assez tardivement, de nombreux doutes, peu d’accompagnement et beaucoup de culpabilité m’ont amenée à me former pour devenir conseillère en allaitement.

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