La construction du microbiote du bébé est induit par un processus complexe. Le microbiote de la mère ainsi que l’allaitement sont au cœur de cette construction.
D’où viennent les bactéries que le bébé avalé par l’allaitement ?
Lors l’allaitement le bébé ingère entre 10×10⁷ à 10¹⁰ de bactéries, ce qui lui permet de construire son propre microbiote.
Mais ce dernier se construit aussi avec des bactéries familières (de contact) et environnementales.
Une étude a estimé que lors des 30 premiers jours des nourrissons, ces derniers recevaient 27,7% des bactéries du lait maternel, 10.4% de la peau de la zone aréolaire et 61.9% d’autres sources non caractérisées.
L’origine de la construction du microbiote du bébé par les bactéries du lait maternel qui agissent de façon adaptative, est soumise à de nombreuses hypothèses.
- La voie entéro-mammaire
Les cellules M des plaques de Peyer de l’intestin grêle prélèvent un échantillon des composants du lait maternel afin de les envoyer aux lymphocytes qui enverront le message au corps de produire des IgA spécifiques, qui se retrouveront dans le lait par la voie plasmatique. C’est-à-dire que le corps produirait des anticorps spécifiques en fonction du microbiote de la mère, et supposément de celui de l’enfant (par contact essentiellement). De récentes recherches ont suggéré une translocation bactérienne également par cette voie. Le mécanisme impliquerait des cellules dendritiques qui seraient capables de transporter des bactéries non pathogènes vers la glande mammaire.
Donc le microbiote du bébé pourrait aussi se construire grâce à la voie entéro-mammaire. Cependant cette hypothèse demande encore des explorations scientifiques.
- Le flux rétrograde du lait maternel
Il s’agit du lait qui remonte dans les canaux après chaque tétée mis en évidence par données échographiques. Le microbiote du bébé serait associé aux bactéries de la peau de la zone aréolaire, certains prélèvement de lait après la tétée ont donné lieu à des suppositions d’échange de bactéries entre la bouche du bébé et le flux rétrograde du lait car des bactéries relevées étaient celles retrouvées essentiellement dans la bouche du bébé. Cependant ces études comportent des limites et demandent davantage d’exploration scientifique
- le processus de la colonisation bactérienne de la mère à l’enfant est soumis à des processus complexes qui ne sont pas encore tous définis ni corrélés. Tout reste encore à découvrir.
Un microbiote différent selon le mode d’accouchement mais adaptatif grâce à l’allaitement
Il est dit que le microbiote des bébés nés par césarienne est différent de celui des bébés nés par voie basse. Car il ne permet pas ce 1er contact pour un ensemencement par voie vaginale et aussi fécale du microbiote de la mère au bébé.
Ainsi les bébés nés par césarienne sont davantage au contact des bactéries environnementales que de celles de leur mère. Le peau à peau précoce avec la mère permet au bébé d’être rapidement en contact de bactéries familières.
Parfois certaines maternités peuvent proposer un ensemencement artificiel en mettant en contact le bébé à la flore vaginale de la mère. Bien que cette méthode nécessite un encadrement précis afin de limiter les risques collatéraux comme le risque de transmissions d’éventuelles maladies sexuellement transmissibles.
Une étude récente à mis en évidence que la colonisation bactérienne par le lait maternel était plus conséquente chez les bébés nés par césarienne que ceux nés par voie basse.
C’est-à-dire que l’allaitement permet de “réguler” la flore bactérienne des bébés qui n’ont pas eu accès à la flore vaginale de la mère.
On est en droit de se poser la question si cela est aussi applicable aux bébés nés prématurés dont le microbiote est principalement composé par des bactéries nosocomiales.
L’importance du microbiote intestinal du bébé
Les recherches actuelles montrent à quel point le microbiote intestinal peut stimuler le système immunitaire inné du bébé grâce à certaines bactéries. Les IgA reconnaissent les bonnes bactéries et permettent de favoriser l’installation et le maintien de cette flore commensale protectrice.
Le lien entre l’intestin et le cerveau a été établi grâce au nerf vague, qui permet une communication bidirectionnelle. De ce fait, une dysbiose du microbiote peut avoir un impact négatif sur la fonction neurologique. Le nerf vague capte les métabolites, les cytokines et les hormones dans l’intestin pour communiquer les messages au cerveau. La vitesse de propagation de ces messages sont liés au degré de myélinisation du nerf vague, qui justement est peu développé à la naissance mais va connaître un pic de développement au 1er mois de vie du bébé. Et celà correspond à la période où la consommation de lait maternel est élevée.
Prendre soin du microbiote de la mère
Une dysbiose du microbiote intestinal de la mère peut donc induire une dysbiose mammaire.
Il existe peu de professionnels aptes à étudier le microbiote de la mère afin de définir quelle catégorie de bactéries prédomine en cas de dysbiose. Ainsi, plutôt que de donner des probiotiques non ciblés, il est préférable de favoriser des aliments permettant d’enrichir et de moduler le microbiote de façon autonome avec l’ingestion de légumes, fruits, fibres, oléagineux…
Marina Boudey conseillère en allaitement en visioconférence ou en Ardèche en présentiel. Prise de rdv ici
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Sources:
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37138613/
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2023.1164553/full
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2161831322006032
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2023.1164553/full
https://journals.asm.org/doi/10.1128/AEM.02994-18
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ajhb.23131
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7938729/