Le Tatouage est-il compatible avec l’allaitement ?
Oui. Selon quelques règles.
Quand est il possible de se faire tatouer?
Il faut que le corps soit prêt, qu’il ait récupéré de la grossesse afin de pouvoir cicatriser sans entrave. Le corps doit prendre quelques mois pour se remettre de la grossesse. On parle souvent d’un temps de repos égal au temps de gestation soit 9 mois. C’est pourquoi la Leche League parlera d’un temps de 9 à 12 mois avant de faire un tatouage, il semble qu’il s’agisse de logique biologique plus que d’une affirmation scientifique. À titre personnel je trouve qu’attendre après 12 mois est une bonne alternative.
Les risques ?
Ils vont être surtout infectieux, associés à une irritation, démangeaisons, prurit, rougeur, inflammation. Et des risques de contracter un Staphylocoque.
Il existe des risques d’allergie aux composants des encres utilisées.
Si les conditions d’hygiène ne sont pas respectées, il y a un risque de contracter des maladies telle que hépatite C, tetanos, VIH.
En cas de risques infectieux de nombreux traitements sont compatibles avec l’allaitement. Il suffira d’en parler avec votre médecin et de vérifier la compatibilité sur les site le crat, e-lactancia, lactaclic, lactmed.
++ En plus de respecter scrupuleusement les règles d’hygiène proposés par votre tatoueur pour prendre soin de votre tatouage et sa cicatrisation, vous pouvez appliquer du lait maternel dessus pour favoriser la cicatrisation.
Choisir le tatoueur
L’importance réside donc également dans le choix du tatoueur. De ses conditions d’hygiène. Il devra porter des gants et travailler dans un environnement stérile dédié exclusivement au tatouge, avec du matériel stérile. Les tatoueurs doivent avoir suivi une formation d’hygiène et de salubrité de 21h réparties sur 3 jours consécutifs, dispensés par l’ARS (agence régionale de santé). Le tatoueur devra vous informer sur les risques d’infections et d’allergies, sur les contre indications pouvant être liés au diabète et à la coagulation sanguine. Et devra vous informer sur l’entretien du tatouage pour éviter les risques infectieux notamement, et sur le processus de cicatrisation.
Le principe du tatouage
Le principe de tatouage est de perforer la peau d’une aiguille à raison de 100 fois par seconde, déposant de l’encre de 1.5mm à 2mm sous la peau. L’encre penètre l’épiderme et la couche papillaire du derme où les particules d’encre s’accumulent.
Vulgairement cela crée un traumatisme à la peau, alors le corps crée un œdème et les cellules immunitaires (macrophages, neutrophiles) migrent pour vite venir réparer la peau et les cellules qui délivrent le collagène (fibroblastes) va les aider également dans ce travail de réparation.
L’encre peut-elle migrer de la peau ?
Sur du long terme, des nanoparticules de l’encre peuvent migrer vers le derme plus profond par les vaisseaux dermiques. Et se retrouver dans le système lymphatique.
Une particule est considérée comme nano si ses dimensions sont inférieures à 100nm.
Une étude a étudié la migration des nanoparticules de ces encres. Certaines semblerait s’accrocher aux parois de certaines cellules justement, mais on ne sait pas si elles sont absorbées par ces mêmes cellules. Ces encres se trouvent aussi niveau de la paroi de certains vaisseaux sanguin de l’épiderme profond.
Donc oui sur du long terme, des nanoparticules peuvent migrer un peu plus loin que les couches supérieures du derme où l’encre se trouve initialement.
Quelle dangerosité des encres?
Les encres sont constituées de pigments organiques, d’eau et d’alcool isotropylique. Les encres noires seront fabriquées à particules de suie (noir de carbone).
Les encres peuvent contenir des métaux et méthanier, des colorants azoïques, des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) qui seraient cancérigènes, mutagènes et qui pourraient inclure d’autres risques.
Néanmoins les dernières études faites sur le sujet n’ont pu démontrer le risque de cancer associés à l’utilisation de ces encres.
En 2022 plus de 25 pigments ont été modifiés avec un abaissement de seuil sur certains pigments et des couleurs ont vu leur composition modifiées. En 2023 des mesures drastiques seront prises au niveau de certaines couleurs avec des interdictions.
Le SNAT (syndicat national des artistes tatoueurs) dénonce le principe de précaution abusif sans aucune base scientifique autre que la composition pure des composants. Sans prendre en compte la concentration et le seuil de toxicité associé. Qui peut l’être tout autant pour de nombreux produits à utilisation répétés et quotidienne, notamment concernant les cosmétiques.
Il est donc possible d’utiliser des encres synthétiques ou végetaliennes, censées avoir des seuils de toxicité moins élevées. La divulgation des composants des encres appartient au choix du tatoueur. Il n’a pas d’obligation légale de le faire tant que la listes des risques et des contre indications associés ont été faites. Mais sur demande il peut vous montrer la liste des composants qui sont inscrits sur les bouteilles et qui doivent être en français et lisibles. Il peut aussi vous donner le certificat du fournisseur incluant la liste des composants.
L’encre passe dans le lait maternel ?
La plupart des recherches que j’ai faite disaient que les particules d’encre serait trop grosses pour passer dans le lait maternel. Car n’oublions pas que la petite framboise ou est créé le lait (acini) est composé de 2 couches cellulaires qui filtre aussi les composants.
Mais globalement il n’y a pas d’études sur le sujet. Il est possible nanoparticules se retrouvent à long terme dans les vaisseaux dermiques et le système lymphatique. Mais on ne sait rien du temps que cela prends, ni de comment cela sera évacué. Et ainsi si un tatouage ancien ou récent peut libérer des nanoparticules dans le lait maternel.
Au vu des études actuelles sur le sujet, cela semble peu probable que les nanoparticules des encres soient considérées comme plus toxiques et dommageables que l’utilisation de produits quotidiens contenant également des produits toxiques malgré le contrôle de la santé publique de ces produits.
En fait, on patauge un peu par manque de données.
Le stockage des produits toxiques
Notre tissu adipeux est connu pour emprisonner les affreux polluants extérieurs, métaux lourds, perturbateurs endocrinien et autres joyeusetés . Le corps à du mal à éliminer ces substances, et passent effectivement dans le lait. Pour autant il n’existe aucune preuves que les composés de ces encre puissent atteindre le tissu adipeux. Une étude a relevé une migration réseau nanoparticules par certaines cellules, mais on ne sait même pas ce qu’il en advient. Si elles sont absorbées ou déposées. Quand bien même il ne s’agit pas de l’entièreté des composants de toutes les encres mais bien de certaines nanoparticules délivrées par certaines encres. Au même titre que cela pourrait l’être par d’autres produits utilisés quotidiennement qui ne semble pas subir de contrôles aussi rigoureux concernant l’impact métabolique.
Pour autant le lait humain reste l’étalon-or et surpasse en bénéfice tous les autres laits malgré cette pollution avec laquelle nous vivons en général. De ce fait l’allaitement est toujours préconisé par ses nombreux bénéfices.
Conclusion
Ne prenez pas peur, rapellons que les laits artificiels ne sont pas stériles et subissent des contaminations extérieures, entre le processus de fabrication, le transport et le stockage et qu’il ne s’agit pas d’un tissu vivant comme le lait maternel.
Le tatouage durant l’allaitement est un sujet qui ne permet pas de réel consensus scientifique. Il semble important d’agir avec le bon sens en limitant les risques infectieux et en évitant de tatouer la zone de la poitrine et entourant la poitrine tant que des études plus approfondies sur les nanoparticules à long terme n’auront pas été faites.
À vous de prendre votre décision de façon éclairée au vu de toutes ces informations.
Marina Boudey conseillère en allaitement en Ardèche ou en visio quelque soit votre lieu de vie. Pour prendre rdv c’est ici.
Sources :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4464189/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK500563/
https://syndicat-national-des-artistes-tatoueurs.assoconnect.com/page/86339-reglementation
Journal spécial des sociétés – droit et tatouage – de fil en aiguille – 2022
https://www.verywellfamily.com/can-i-get-a-tattoo-while-breastfeeding-5195644
