engorgement, mastites, canal bouché, lymphagite

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Le point de liaison entre chaque problématique

Même si chacune de ces problématiques ont une définition différente et peuvent se régler de façon indépendantes, elles peuvent etres liées les unes aux autres. Un engorgement peut donner lieu à une mastite inflammatoire ou directement infectieuse. Une mastite inflammatoire peut donner lieu à une mastite infectieuse. Un canal bouché peut donner lieu à une mastite infectieuse, et à l’inverse une mastite inflammatoire ou infectieuse peut donner lieu à un canal qui se bouche. Seul la lymphagite est à part dans ce schéma.

L’observation clinique de ces problématiques par une professionnelle formée en allaitement est primordiale en parallèle d’une prise en charge par un médecin (si nécessaire). Car savoir définir le caractère de chacune de ces problématique est difficile sans connaissance de l’allaitement. Une masse par exemple peut être due à un canal bouché ou simplement à un lait en stase dans les canaux qui se dilatent longtemps et créé une inflammation, tout comme il peut s’agir d’un début d’abcès après un épisode de mastite (parfois l’abcès peut être ancien, drainé en partie et revenir avec une autre mastite)

Dans des pays industrialisés tel que USA, Finlande, Nouvelle Zélande et Australie un taux de mastite de 20% à 30% était observé au cours du parcours d’allaitement. Mais pourquoi des taux si haut….

La cause de ces problématiques

Succion compliqué liée à des tensions, une restriction linguale et/ou labiale (freins restrictifs, hypotonie), d’une conduite d’allaitement inadaptée (tétées trop espacées, écourtées), une position trop prostrée qui comprime les réflexes primaires (réflexes archaïques) du bébé et créé des tensions, de vêtements trop serrés (sous vêtements), de chocs reçus au niveau de la poitrine, d’une infection, , de tailles de téterelles inadaptées et/ou réglage du tire lait inadapté.

Une solution de 1ère intention unique à toutes les problématique

Quel que soit le type de problème (hormis lymphagite seule) la solution de 1ère intention est toujours le drainage du sein. Que vous soyez au sein ou au tire lait il faut absolument drainer le sein. D’ailleurs les 48h premières heures suivants l’inflammation je vous conseille d’alterner les drainges du sein avec des expressions manuelles fréquentes (chaque heures ou demi heure s’il le faut – nuit incluse)

Explication pour exprimer à la main ici en post et ici en vidéo

Il est aussi possible de soulager son sein dans un verre d’eau chaude remplie aux 3/4, où on plongera le sein pour un effet ventouse. Le lait devrait être libéré sous l’effet de la ventouse et de l’eau chaude.

Avant le drainage vous pouvez faciliter l’extraction du lait par l’application du chaud sur les seins (douche, gant d’eau chaude..). Le dernier protocole ABM déconseille l’usage du chaud sur l’inflammation au risque de l’amplifier. À titre personnel aucune mère ne m’a fait mention de difficultés avec l’emploi du chaud, au contraire. Mais si vous ressentez une aggravation des symptômes plutôt qu’une amélioration, arrêtez immédiatement l’emploi du chaud avant le drainage du sein.

Et masser très délicatement votre sein, un palper rouler doux et délicat est suffisant pour faciliter l’extraction. Et des massages circulaires de l’arrière du sein vers la zone aréolaire. Restez toujours très doux dans vos gestes au risque d’amplifier l’inflammation.

il existe différents types de massages permettant de stimuler l’ocytocine, tout en resorbant l’œdème lié à l’inflammation, voir même en associant un massage lymphatique pour aider à résorber l’inflammation.

Une de ces techniques est expliqué ici en post et en vidéo

Au sein cela peut parfois être douloureux et fastidieux car un œdème se créé au niveau de l’aréole, la prise au sein peut être difficile. Dans ce cas il suffira de masser autour du mamelon, avec ses 2 index et/ou majeur,  pulpe des doigts contre l’aréole, et effectuer des petites pressions en tournant tout autour. Cela devrait assouplir l’aréole.

technique expliquée en vidéo ici

Il est possible aussi d’assouplir l’aréole grâce au sel d’epsom (sulfate de magnésium) mélangé à l’eau chaude. Le sein sera mis dedans quelques minutes avant le drainage, bien que cette proposition ne trouve pas de réel fondement scientifique.

L’approche Biological Nurturing ou une position classique d’allaitement (madone inversée, madone, ballon de rugby…) peut être suffisante.

Diriger le menton du bébé vers la zone douloureuse/inflammée/masse est innefficace et peut amplifier les difficultés en comprimant /lésant davantage la zone atteinte.

Vous pouvez utiliser la position de la louve (à 4 pattes et bébé en dessous) pour faire jouer la gravité et extraire le lait. Cependant le dernier protocole ABM à mis en évidence que cette technique ne semblait pas aider la résorption de l’inflammation. Donc le mieux est de faire selon votre confort.

Au tire-lait, il est indispensable d’avoir la bonne taille de téterelles, vérifiées grâce à une prise de mesure précise, et un réglage du tire lait adapté pour ne pas se blesser. Il ne faut jamais que le tirage fasse mal.

Entre chaque drainage du sein, du froid peut être appliqué afin de limiter la douleur (gant d’eau froide, légumes congelés, gant avec glaçons dedans…).

Lors des épisodes inflammatoire le lait se met en stase et sa viscosité s’épaissie, il est possible d’utiliser la lécithine de soja afin de réduire la viscosité du lait et faciliter son extraction.

Définition de chaque problématique

a) L’engorgement

L’engorgement c’est tout simplement du lait qui est en stase. Souvent bilatéral, c’est à dire que les deux seins peuvent être engorgés. Pour comprendre imaginons la glande mammaire: elle est composée de ces sorte de grains de raisin (lobes-lobules-acinis) qui se remplissent de lait. Mais lorsque les acinis pleins, la lactation se régule grâce à plusieurs processus. Le temps que cette régulation se fasse, le sein peut subir une inflammation modérée. Et c’est l’engorgement. L’engorgement se définit par un sein tendu, souvent chaud et douloureux. Il n’y a pas de “placard” rouge c’est à dire pas de plaque rouge, pas de fièvre.

Le drainage du sein sera suffisant à réduire l’engorgement (voir point n°3)

b) La mastite inflammatoire et infectieuse

Déjà il faut savoir qu’il existe aussi des mastites en dehors de l’allaitement. En effet, même sans sécrétion de lait, la glande mammaire peut subir la venue se bactéries et s’infecter. Ces mastites sont non puerpuerales. A contrario les mastistes puerpuerales (durant l’allaitement) représente environ 86% des cas.

Une mastiste se caractérise souvent de façon unilatérale, c’est à dire que un seul sein est touché. Ceci dit il peut arriver sur certains cas de mastites que les 2 seins soient atteints.

On sait que c’est une mastite car le sein et tendu, chaud et douloureux, il peut se former un placard rouge, une masse, il peut y avoir des symptômes grippaux et être accompagné de fièvre.

Les mastites peuvent se créer à partir de plusieurs points.

mastite infectieuse – la plus connue

Un engorgement non drainé peut ouvrir les jonctions intercellulaires. Dans les acinis qui produisent le lait, il y a des cellules qui permettent donc de créer et d’éjecter le lait et qui servent de “barrière” contre les grosses molécules et certaines bactéries. Et quand le lait est en stase, ces cellules ne sont plus collées les unes aux autres. Donc après un engorgement non drainé il y a un risque de laisser entrer des bactéries et c’est la mastite infectieuse.

Des lésions au sein peuvent s’infecter, remonter les canaux galactophores et contaminer par bactéries la glande mammaire qui s’inflamme, et pour se protéger,  le corps implique un système de défense et de protection (fièvre état grippaux ect), afin de se protéger d’une “attaque” de mauvaises bactéries. Ces bactéries sont la plupart du temps des Staphylococcus auerus, streptocoque B, anaérobes ou enterobacteries.

Le traitement se fera d’abord par drainage (point n°3) car une bactérie peut partir grâce au drainage. Si l’état grippal et la fièvre persistent plus de 48h un traitement antibiotique peut être nécessaire en plus du drainage (sous l’avis d’un médecin)

mastite inflammatoire

Cette stase du lait peut aussi mener à un lait qui stagne dans une partie des canaux galactophores, ces “tuyaux” qui permettent d’amener le lait vers le mamelon. Du coup les canaux se dilatent et donne une inflammation pouvant  créer une mastite inflammatoire, qu’on nomme mastite plasmocytaire.

Il peut se produire la même chose que pour nos lobules- acinus (où se créé le lait), ces fameux grains de raisin, où il peut y avoir une inflammation à ce niveau. On parlera de mastite granulomateuse.

Ces mastites sont souvent chroniques.

Pour ces mastites le drainage est essentiel (voir point n°3).

Si la mastite inflammatoire devient chronique un traitement par ultrason peut être proposé (référence Dr Newman). Au besoin peut être traité par anti-inflammatoires. En cas d’échec de la prise d’anti-inflammatoire, la corticotherapie peut être proposée (sous l’avis d’un médecin).

Le diagnostic de ces deux mastites sont extrêmement difficiles à distinguer à l’œil nu, mais en cas d’échec des anti- inflammatoires, l’antibiothérapie sera proposée afin de ne pas risquer un abcès. Le risque d’en développer un étant de 5 à 10%. (Concernant les abcès j’ai écris un article ici). La plupart du temps seul l’antibiothérapie est proposée, souvent parce que le diagnostic différentiel est très dur à réaliser et que la crainte de développer un abcès prime sur le risque de l’attente de rdv pour définir s’il s’agit d’une mastite inflammatoire ou infectieuse. Un médecin cherchera toujours la meilleure balance bénéfices/risques pour vous protéger. En cas de mastites récidivantes et donc chroniques il peut être intéressant de discuter de l’option de mastites inflammatoires avec le médecin.

++ Une étude a aussi mis en evidence les mastites chroniques avec un taux bas de lactoferrine dans le lait et taux bas de IgA chez la mère. Donc un stress, une fatigue, un état émotionnel difficile peut être lié à des mastites récidivantes en faisant baisser l’immunité.

++ Une étude randomisée de 2010 a aussi mis en evidence que de nombreuses mastites, trouveraient leurs origines dans un dérèglement de la flore bactérienne. Ainsi la proposition de traitement par probiotiques est une réponse adaptée. Les souches concernées seront Lactobacillus salivarius CECT5713 et Lactobacillus gasseri CECT5714. Sur l’étude portant sur 352 femmes il a été observé une meilleure amélioration des symptômes et un taux de récidive de 3 fois inférieur que sous antibiotherapie.

c) Le canal bouché

Un canal peut se boucher à cause d’une succion compliquée, d’une mastite qui créé des lésions (et inversement) au niveau des canaux, à cause d’un coup/choc, de vêtements trop serrés….

Une fois le canal galactophore “blessé” il peut apparaître des lésions au niveau de ce canal, qui créé une dilatation, sa paroi s’épaissie et s’obstrue. Du coup le lait reste en stase et il peut se créer une masse palpable sous les doigts. Mais ce n’est pas systématique. Dans ce cas il est possible de mettre le dos d’une brosse à dent électrique sur la masse. Les vibrations permettant parfois de déboucher le canal. La douleur ressenti sera comme un hématome et/ou accompagné de douleurs vives. Il n’y a pas de fièvre.

Lorsque le lait sort il est possible qu’il ressemble à du lait epais, comme une pâte de dentifrice, ceci est tout à fait normal. Il s’agit de lait qui s’est délesté d’une grande partie de son eau.

Il peut y avoir l’apparition d’une ampoule de lait. Un point blanc apparaissant sur le mamelon. Le canal étant relié au pore galactophores (le trou d’où sort le lait), le lait sèche également et créé une petite ampoule de lait séchée. Elle peut partir grâce au drainage du sein et à l’ajustement de la position.  Se référer au point n°3. Si ce n’est pas le cas, après plusieurs tentatives, il est possible de percer l’ampoule.

Il faudra désinfecter l’aiguille (en la faisant chauffer puis en la désinfectant avec un antiseptique) et percer légèrement sur le côté de l’ampoule. Pas besoin de triturer. Percer juste, puis exprimer le lait (au sein, tire-lait, à la main, dans un verre d’eau chaude). Du lait séché devrait en sortir en filament épais. Si bébé tète il ne risque rien, c’est juste du lait aggloméré qui contient moins d’eau.

Si le canal continu d’être bouché après 48h malgré le drainage il est possible de faire un traitement par ultrason. Vous pouvez aussi prendre de la lecithine de soja qui permet de fluidifier le lait maternel et permet la libération du canal obstrué par le passage d’un lait plus fluide.

Il peut arriver qu’un canal se bouche de façon récurrente, toujours au même endroit. Dans ce cas il peut être intéressant de faire faire une échographie afin de déterminer l’épaisseur de la paroi. Des traitements existent, généralement les anti-inflammatoire seront proposés pour tenter de réduire l’inflammation et permettre au canal de se régénérer er de guérir de ses lésions (sous l’avis d’un médecin).

d) La lymphagite

Terme souvent confondu avec la mastite. La lymphagite est une inflammation de la lymphe. Qui se trouve dans le réseau lymphatique ganglionnaire. On peut observer une traînée rouge et inflammée.

Ce réseau lymphatique se situe dans le sein mais aussi du côté axillaire (sous l’aisselle). S’il y a une lymphagite seule, la prise en charge sera différente que pour les problématiques d’allaitement, puisqu’il ne fait pas partie de la glande mammaire.

Cependant elle est souvent relié aux problématiques d’allaitement. Car une fois le lait en stase, les jonctions intercellulaires s’ouvrent et du lait peut s’échapper dans le tissu conjonctif où se trouve la lymphe. Cette dernière peut avoir du mal à évacuer les liquides. Donc une lymphatique peut être souvent associée à un engorgement, mastite ou canal bouché.

Dans ce cas vous pouvez pratiquer des massages doux comme expliqué en début de l’article et associé des massages ciblés comme indiqué dans cette vidéo.

S’il s’avère que vous avez une lymphagite seule ou associé à un engorgement qui ne peut partir avec des massages simples, un thérapeute manuel pourra tenter de réduire l’inflammation. Si la lymphagite persiste une analyse de sang peut être proposé afin de déterminer l’origine de l’inflammation qui peut être d’ordre infectieuse, dans ce cas une antibiotherapie pourra être proposée.

ll faudra rester vigilant à ces signes éventuels inclus dans le diagnostic différentiel.

Et après ?

La douleur et les signes liés à ces problématiques doivent s’estomper progressivement.

Il peut y avoir des douleurs résiduelles durant quelques jours.

Il est nécessaire de consulter une professionnelle de l’allaitement qui sera en mesure de définir la cause des problématiques afin de les prendre en charge mais aussi garder un point de vigilance.

Vous pouvez prendre RDV directement ici.

En effet, ce type de problématiques peut rendre la/les zones plus sujettes à recidive.

Après un engorgement /mastite/canal bouché, une baisse de lactation ponctuelle sur le sein atteint peut etre observé, continuez de pratiquez l’allaitement comme vous le faisiez, à force de stimulation par le bébé, la lactation reviendra à son stade d’origine. Si vous essayez de booster votre lactation vous risquez de mettre le sein atteint et fragilisé en hyperlactation et induire de nouvelles problématiques d’allaitement et un risque accru d’abcès.

Marina Boudey conseillère en lactation en Ardèche et en visioconference quel que soit votre lieu de vie.

Sources :

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2014/revue-medicale-suisse-427/infections-du-sein#tab=tab-read

The inflammatory mastitis- M.Lalloum, B.Tournant, M.Espié- la lettre du senologue n°72 – 2016

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20455694/

https://www.hindawi.com/journals/mi/2008/298760/

https://internationalbreastfeedingjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/1746-4358-3-21

https://www.lllfrance.org/vous-informer/fonds-documentaire/feuillets-du-dr- newman/1520-canaux-lactiferes-bloques-et-mastites

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Marina Boudey
Lact'essence

Je suis Marina Boudey, j’ai créé Lact’essence en 2021. Je suis maman d’un petit Milo né en 2019, encore allaité aujourd’hui.

Notre parcours d’allaitement n’a pas été simple : né par césarienne programmée, des difficultés sont apparues dès le début.

Des freins restrictifs identifiés assez tardivement, de nombreux doutes, peu d’accompagnement et beaucoup de culpabilité m’ont amenée à me former pour devenir conseillère en allaitement.

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